Greta Garbo, sobrement
Pourquoi j'aime Garbo ? Parce qu'elle est indémodable, qu'elle jouait juste ; parce qu'elle n'était pas affectée ; parce que de nombreuses phrases qu'elle a prononcées à son sujet et sur la vie m'ont étonnée et profondément touchée.
Elle ne prenait pas la peine de faire semblant. Cette Suédoise au passé de misère, matérialiste, par défaut du pouvoir de l'oubli, ne se pliait pas aux contraintes sociales, ni à l'affabilité si cela ne lui convenait pas.
Elle qui ne céda rien aux studios, la dent dure face aux impitoyables. J'aime la fragilité que montre son intransigeance, son obsession maniaque pour ce qui se rapportait à la fidélité (surtout en amitié), une autre peur pas si loin de l'autre, paranoïaque. Des clauses expressément articulées, l'œil aux aguets des Judas. Amours, chantages, appel à la compassion, mensonges, du blé lâché à des pies affamées, à des traitres/ses, ça laisse des traces.
Une méfiance compréhensible, devenue maladive, mais des affections impérissables (oui, tout de même !)
Bref, j'ai déjà parlé d'elle sur ce blog. Je ne sais si j'avais dit tout ce que j'en pensais, probablement pas.
Dolorisme et orgueil. Sa fondamentale solidité lui épargna la folie. Nul n'échappe à toute contrainte. Qu'était-il de plus difficile que de laisser croire que son mythe n'était pas une fleur immarcescible et de savoir pertinemment ce que cherchaient les regards ? D'avoir vite saisi, depuis si longtemps, mon Dieu, jusqu'à qu'où pouvait aller la vénalité pour une photo ?
Laisser croire que l'icône était une statue vivante derrière l'écran, un autre piège coupant de ce qu'était vraiment la liberté.
Profitant occasionnellement de la vanité que suscitait sa compagnie, ou mourant de solitude. "La Divine". Une anonyme aux cheveux blancs marchait rapidement dans les rues de New York jusqu'en 1990, faite de chair et de sang. En Suède, les cendres de Greta Gustafsson ont oublié Garbo.
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