Ca vient toujours de quelque part
« (...) Mais entre les rêveries trop grandes auquel ils s'abandonnaient avec une complaisance étrange, et la nullité de leurs actions réelles, nul projet rationnel, qui aurait concilié les nécessités objectives et leurs possibilités financières ne venait s'insérer. L'immensité de leurs désirs les paralysait(...).
Mais cette outrance mimétique avait de moins en moins d'importance, et il leur était agréable de penser que cette image qu'ils se faisaient de la vie s'était lentement débarrassée de tout ce qu'elle pouvait avoir d'agressif, de clinquant, de puéril parfois. Ils avaient brûlé tout ce qu'il avaient adoré : les miroirs de sorcière, les billots, les stupides petits mobiles, les radiomètres, les cailloutis multicolores, les panneaux de jute agrémentés de paraphes à la Mathieu. Il leur semblait qu'ils maîtrisaient de plus en plus leurs désirs : ils savaient ce qu'ils voulaient ; ils avaient des idées claires. Ils savaient ce que serait leur bonheur, leur liberté.
Et pourtant, ils se trompaient ; ils étaient en train de se perdre. Déjà, ils commençaient à se sentir entraînés le long d'un chemin dont ils ne connaissaient ni les détours, ni l'aboutissement. Il leur arrivait d'avoir peur. Mais, le plus souvent ils n'était qu'impatients : ils se sentaient prêts ; ils étaient disponibles : ils attendaient de vivre, ils attendaient l'argent.
(…) Jérôme avait vingt-et-un ans, Sylvie dix-neuf. Ils abandonnèrent, sans presque avoir besoin de se concerter, des études qu'ils n'avaient jamais vraiment commencées. Le désir de savoir ne les dévorait pas ».
''LES CHOSES'', Georges Perec
Evidemment le clip n'est pas là par hasard, sous cet extrait de Georges Perec. Il n'est pas là par hasard en 2021. Et puis j'adore les Rita:
« On est tout endoloris et on se sent très amoindris, est-ce que que nos cœurs ont rétréci ? Est-ce qu'on en sortira grandis, est ce que nos cœurs ont desséché, à force d'aimer les objets ?
On se sait comment se faire pardonner, ni même si on a droit à quelque excuse que ce soit pour le sacage éhonté de la matière vivante sur cette planète. On ne sait plus où se mettre, nous autres de la France.
Une fois de plus, on fait ce qui nous arrange. Il fallait qu'on vous le dire, c'est dit, c'est fait ! Si nous passions maintenant à tout autre chose, soyons plus positifs, rien ne sert d'être trop tristes, au contraire, bien au contraire.». Catherine Ringer/Fred Chichin, en 1993.
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