Puisque nous nous quittons ce soir
Court, désormais, pour les hommages aux disparus. Il y en a beaucoup trop :-(
Une star anti-star des sixties qui quitta de sa propre volonté hâtivement la scène, une grande poétesse, une belle Dame qui n'avait pas à se cogner aux générations. Elle passait partout, étonnée, sans effort.
Encore une personnalité dont j'appréciais beaucoup l'humour, l'acuité, mais dont je m'interrogeais fréquemment sur la part de masochisme, de lard ou de cochon dans ses autodénigrements sur certains points. Elle savait, mais ne reconnaissait pas tout malgré sa subtilité. Ainsi sont les natures, alors que des gens prennent trop, d'autres voient flou ce qu'il y aurait à saisir.
11 juin 2024 : cette fois, ayant abandonné l'écoute de toute info. depuis quelques jours, c'est par une simple émoticône sur un réseau que j'ai eu cette information en soirée.
L'élastique des années ne semblent pas si tendu quand on ne vit pas la douleur. Trois, six, huit ans peuvent passer sans qu'on les voit, mais être écrasants pour ceux qui ouvrent les yeux chaque matin sur la question, sans autre réponse que celle de rester par amour, de continuer un peu plus loin le voyage dont ils deviennent l'esclave, physiquement et moralement. On ne traverse plus l'épreuve, elle habite, squatte en soi.
Un premier combat possiblement mortel dont elle était si heureuse de l'issue ''miraculeuse'', revenu à la charge quelques années plus tard sous une autre forme, abominablement.
On savait que c'était insupportable d'après ce qu'elle décrivait. Elle a fait partie des gens qui ont poussé leur courage au maximum avec ce désir universel de conserver sa dignité.
Courir vers des couleurs de roses et d'autres "forces vives'', tout derrière, au travers, où s'accomplit ce qui demeure, auquel nous n'avons ni l'accès, ni le droit de savoir.
C'est fini, mais combien a-t-il fallu attendre cette dernière naissance. Je suis heureuse que la souffrance ait éteint les yeux. J'en ai pensé autant pour Jean-Louis Trintignant.
Ouvrir les bras à la mort du calvaire de cette prorogation, après l'ultime peine de lâcher les mains de ceux pour qui l'on est resté.
Je suis loin d'être une spécialiste de Françoise Hardy, mais je la respectais beaucoup, elle qui pouvait nous bouleverser par son visage et ses mots. Ce qui nous touche répond souvent aux sources de nos propres douleurs, présentes ou passées. Ces pierres que l'on jette qui s'évanouissent sans que rien nul part ne laisse trace d'embossement, sans atteindre intelligiblement, noués par cette impression de parler une langue morte d'un temps passé.
Et aucun rond dans l'eau.
* un extrait d'une chanson que j'aimais énormément dès sa sortie : ''Tant de belles choses''
(...) « Dans l'espace qui lie ciel et la terre, se cache le plus grand des mystères
Comme la brume voilant l'aurore, il y a tant de belles choses que tu ignores
La foi qui abat les montagnes, la source blanche dans ton âme
Penses-y quand tu t'endors, l'amour est plus fort que la mort.» (...)
* Rien d'étonnant pour quelqu'un dont la carrière débuta chez Mireille, une chanson interprétée à l'origine par cette dernière et Jean Sablon (j'ai vérifié) que reprenaient François Hardy et Jacques Dutronc dans ce clip les réunissant depuis "Hardy-Dutronc'' ou Mini, mini, mini" entre autres rares exemples.
Ca ne va plus être aussi drôle pour un bout de temps, mais on ne cessera pas de dire Hardy, même si on ne nous le dit pas.
Il y a "tant de belles choses" très certainement Là-Haut. Ca ne peut être que là, où s'animent les éléments.
L'héritage de l'Amour (avec un grand ''a'') reste en bas.
Françoise Hardy a vue directe sur les étoiles et saura ce que les conjonctions de signes laissaient encore crypté.
Ce sont deux enfants à la jeunesse si longue, qui ne se dissimulait pas encore dans leur corps.
Comme d'habitude, en mode grand écran, c'est mieux :
Cette femme, redevenue jeune fille, plus malicieuse que timide, aux yeux si tendres sur ce bougon tombeur si drôle qui glissait entre les doigts.
On ne peut penser à l'un sans penser à l'autre.
Au juger, elle donne à penser avoir acquis une longueur d'avance sur une quiétude.
Son humour était prononcé, mais parfois noir. Par chance, des années ce sont écoulées avant que ce soit si dur, pendant lesquelles elle a pu plaisanter en éclatant de rire désignant Jacques Dutronc par ''mon veuf imminent''.
Corine
Je revois son sourire surpris et extatique à l'époque (vers 1997 avec, pour m'aider, des repères capillaires bowiens depuis) : « DAvid BBowiie ?! » s'était-elle exclamé. Et oui, ils étaient tous amoureux d'elle. Franchement, cela méritait de le savoir avant ! Le bisou ci-dessous date du début des années 2000 (chez Guillaume Durand avec Damon Albarn, pour l'anecdote). Tout arrive...
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